Ricinus communis L.
Ricin
EUPHORBIACEAE
Description botanique : Plante dioïque herbacée en Europe, ligneuse dans les pays chauds, annuelle ou vivace à tige dressée robuste, creuse, rougeâtre.
• Feuilles : Grandes, alternes, longuement pétiolées, à limbe rougeâtre palmatilobé (5 à 12 lobes) et denté.
• Fleurs : Unisexuées, petites, regroupées en panicules denses au sommet des rameaux ; les fleurs mâles sont blanches et à la base du panicule, à nombreuses étamines ramifiées, aux anthères jaunâtres, les fleurs femelles sont rouges et au sommet à ovaire tricarpellé et à longs styles rougeâtres (floraison : mai-juillet).
• Fruits : Capsules tricoques généralement hérissées de pointes, vertes à pourprées, déhiscentes par 3 fentes.
• Graines : 3 graines ovoïdes lisses de taille variable, brillantes, marbrées de rouge noir ou brun.
Habitat : Originaire d'Afrique et d'Asie, parfois subspontané en région méditerranéenne. Très commun aux Antilles.
Ornementation : implanté dans de nombreux jardins.
Risques principaux :
• Déshydratation et choc hypovolémique
• Arythmie cardiaque
• Convulsions
• Hypoglycémie, hémolyse
Principes toxiques :
• Nature : Glycoprotéine : la ricine. Elle est formée de 2 unités : la sous-unité B, une lectine, qui permet de fixer la toxine sur les membranes cellulaires ; la sous-unité A, une enzyme qui inhibe la synthèse protéique des cellules eucaryotes.
Le ricin contient également un allergène : le ricinallergène, qui fut la cause d'allergies graves dans les industries d'extraction de l'huile mais également à proximité des huileries de ricin.
Acide ricinoléique
• Localisation : Dans l'amande des graines.
• Mode d'action : L'acide ricinoléique de l'huile de ricin est un purgatif drastique, provoquant une altération de la membrane intestinale d'ou perte d'eau et d'électrolytes.
Circonstances d'intoxication : Ingestion accidentelle. Les graines de ricin avec d’autres graines toxiques, se retrouvent parfois insérées dans les colliers exotiques. Sucer ces graines peut avoir des conséquences non négligeables.
Remarques :
• Les lectines du ricin n'étant pas liposolubles, l'huile de ricin ne présente pas la toxicité de la graine ; par contre les tourteaux de ricin sont hautement concentrés en principes actifs. L’huile de Ricin est utilisée dans l’industrie (base pour la fabrication de peinture et laques).
• Dans certains pays, les graines seraient consommées, en particulier après avoir été grillées.
• Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés avaient préparé, à partir d’extraits de Ricin des gaz de combat redoutables.
Notions générales :
• La toxicité de la ricine par voie orale est variable (de nombreux cas demeurent asymptomatiques, que la graine soit mâchée ou non), alors qu'elle est gravissime par voie parentérale.
• Le traitement repose sur la prévention du choc hypovolémique, la correction de l'hypoglycémie et de l'hémolyse
• La mortalité est quasiment nulle si l'intoxiqué est correctement pris en charge.
Doses toxiques :
• Dose toxique enfant : au-delà de 2 graines
• Dose toxique adulte : au-delà de 4 graines
Eléments diagnostiques :
• Graines avalées entières : Symptomatologie bénigne, voire inexistante.
• Ingestion de graines mastiquées : Délai d'apparition des symptômes : de 2 à 48 heures après l'ingestion.
o Irritation de la bouche et du pharynx
o Signes généraux : malaise, hyperthermie, frissons, sueurs froides
o Prédominance des troubles digestifs :
Gastro-entérite sévère (vomissements violents, diarrhée profuse parfois sanglante) avec déshydratation secondaire, suivie d'un collapsus.
Mégacôlon toxique (dilatation colique)
o Troubles neurologiques : mydriase, contractions tétaniques, spasme laryngé, convulsions
o Arythmie cardiaque
o Electrocardiogramme : allongement de l'intervalle QT
o Biologie : hypoglycémie, hémolyse
o Une technique radio-immunologique a été utilisée pour identifier et doser la ricine lors d'une intoxication aiguë
• Lors du contact cutané : dermite irritative, urticaire
• Les graines de ricin et leur poussière sont très allergéniques : asthme, œdème de Quincke, choc anaphylactique.
Conduite à tenir :
• Hospitalisation dès l'apparition de symptômes digestifs
• L'efficacité de l'épuration digestive n'est actuellement pas démontrée.
Le lavage gastrique ainsi que l'administration de charbon activé sont à discuter au cas par cas
• Surveillance : retentissement des pertes digestive : hydratation, pression artérielle
• Traitement symptomatique en milieu de réanimation :
o De la déshydration et des troubles hydro-électrolytiques
o De l'hypoglycémie
o De l'hémolyse
o Du choc anaphylactique
o Des convulsions et des troubles du rythme cardiaque