Risques principaux : Lors d'ingestion massive de feuilles ou de fruits (contexte suicidaire) : anoxie cérébrale.
Principes toxiques :
• Nature : Hétérosides cyanogénétiques : prunanoside et amygdaloside.
Hétérosides cyanogénétiques contenus aussi dans les amandes des noyaux et pépins des fruits d'autres rosacées (abricot, pêche, pomme, prune, cerise...) ; des doses théoriquement létales en acide cyanhydrique pourraient être ingérées.
• Localisation : Dans toute la plante, sauf dans la pulpe du fruit.
o Prunanoside dans les feuilles (0,10-0,15% en acide cyanhydrique) ; la teneur varie avec la saison et l'âge de la feuille (maximale l'été et dans la feuille fraîche)
o Amygdaloside dans les graines
Présence également de béta-glucosidases ne se trouvant pas en contact avec les hétérosides cyanogénétiques : la libération de l'acide cyanhydrique par hydrolyse des hétérosides sous l'action de ces enzymes a lieu uniquement après broyage, mastication.
L'hydrolyse produit aussi du benzaldéhyde, ou essence d'amande amère.
Circonstances d'intoxication :
•
Par les fruits : fréquente mais généralement sans risques car seule la pulpe est mâchée, et le noyau très dur est soit craché, soit avalé sans être mastiqué
•
Par les feuilles : à risque mais ingestion rare par les enfants, du fait de leur consistance coriace
Remarques :
• La feuille du laurier-cerise a pu être confondue avec celle du laurier-rose (
Nerium oleander L.), ou celle du laurier-sauce (
Laurus nobilis L.). Mais aucun cas d'intoxication symptomatique n'a été retrouvé dans cette circonstance.
• Les feuilles sont utilisées pour préparer l'eau distillée de laurier-cerise, officinale, aromatisante et stimulant respiratoire.
Notions générales :
• Dans un contexte d'intoxication
accidentelle de fruits, la symptomatologie observée est habituellement bénigne (noyau coriace non rompu).
• Intoxication potentiellement grave dans un contexte d'ingestion
volontaire de feuilles.
• Les feuilles et l'amande (noyau rompu) contiennent des hétérosides cyanogénétiques pouvant être à l'origine à fortes doses d'une intoxication cyanhydrique (toxicité théorique à la fois neurologique et respiratoire).
Eléments diagnostiques : Délai d'apparition des symptômes : quelques heures.
Ingestion :
• Pulpe du fruit : Troubles digestifs (effet laxatif)
• Moins de 5 fruits rompus et croqués
o Troubles digestifs : nausées, vomissements, douleurs abdominales
o Asthénie
o Troubles neurologiques : céphalées, anxiété, vertiges, somnolence, agitation
o Troubles cardio-vasculaires : tachycardie sinusale, hypertension artérielle
• Au-delà de 10 fruits rompus et croqués
o Hypersalivation
o Troubles neurologiques : faiblesse musculaire, ataxie, convulsions, trouble de conscience voire coma
o Dépression respiratoire, cyanose
Conduite à tenir :
• Pour quelques fruits (4 à 5) :
o Traitement symptomatique
o Surveillance à domicile
o Consultation médicale : en cas de symptomatologie intense ou persistante
• A fortes doses (au-delà de 10 fruits) :
o Hospitalisation, dosage de l'acide lactique
o L'efficacité de l'épuration digestive n'est actuellement pas démontrée
L'administration de charbon activé est à discuter au cas par cas.
o Dans les cas graves, traitement de l'intoxication cyanhydrique (Cyanokit® ou hydroxocobalamine) parfois nécessaire