Hyoscyamus niger L.
Jusquiame noire
SOLANACEAE
Nom commun : Potelée.
Description botanique :
Plante herbacée de 30-80 cm, velue et visqueuse, à odeur repoussante, annuelle ou bisannuelle.
• Tige : Dressée, unique ou peu ramifiée.
• Feuilles : Alternes, pétiolées à la base, sessiles ou embrassantes sur la tige, à grandes dents aiguës, vert pâle, molles et velues
• Fleurs : Rassemblées au bout de la tige, grandes, corolle à 5 lobes jaune sale veinée de violet, entourée du calice à 5 dents (floraison : mai-septembre)
• Fruits : Pyxide à 2 loges renflées à la base, s'ouvrant au sommet par un couvercle à 5 pointes aiguës, et contenant de nombreuses petites graines brunes réniformes chagrinées
Autre espèce : H. albus L., la jusquiame blanche à fleurs jaune pâle non veinées, dans le midi de la France. Egalement toxique.
Habitat : Terrains nus ou labourés, surtout près de la mer, près de bâtiments agricoles, sur sol légers, riche en éléments nutritifs, jusqu'à 1700 m d'altitude.
Fréquence : Assez rare, absent au Sud-Est
Risques principaux :
• Défaillance cardio-respiratoire
• Etat d'agitation aigu, convulsions
Principes toxiques :
• Nature : Alcaloïdes tropaniques (surtout hyoscyamine et scopolamine)
o L'hyosciamine est majoritaire
o La teneur en scopolamine peut être importante (25 à 40% des alcaloïdes totaux)
o Atropine
Remarque : La scopolamine serait la principale responsable du pouvoir hallucinogène des solanacées
• Localisation : La teneur en alcaloïdes est souvent faible (0,05-0,15%), sauf dans les graines (0,3%).
Toute la plante est toxique, mais surtout les graines.
Circonstances d'intoxication :
Exceptionnelles :
• L'odeur ainsi que l'aspect velu de la plante limitent les risques d'intoxication
• Confusion possible de la racine avec celle du persil
Eléments diagnostiques : Les symptômes sont identiques à ceux induits par le datura ou la belladone.
Délai d'apparition des symptômes : de quelques dizaines de minutes (décoction ou infusion) à 20 heures (atonie intestinale ralentissant l'absorption).
• Syndrome anticholinergique (bouche sèche, constipation, mydriase, troubles de l'accommodation, élévation de la pression intra-oculaire, diminution de la sécrétion lacrymale, tachycardie, risque de rétention urinaire et de glaucome aigu en cas de glaucome à angle fermé)
En cas d'intoxication grave (au-delà de 15 fruits)
• Signes centraux :
o Confusion, agitation, délire, hallucinations
o Convulsions, coma
• Décès consécutif à la dépression cardio-respiratoire
Conduite à tenir :
• Hospitalisation
o En cas de symptômes importants
o Au-delà de 2 baies chez l'enfant, de 10 baies chez l'adulte
• L'efficacité de l'épuration digestive n'est actuellement pas démontrée
Le lavage gastrique ainsi que l'administration de charbon activé sont à discuter au cas par cas
• Mise au calme en chambre peu éclairée
• Traitement symptomatique
o De l'agitation : sédatifs (ex. : benzodiazépines)
o Des convulsions
o Les produits ayant une activité anticholinergique (neuroleptiques) doivent être évités
• Surveillance neurologique et cardiaque (scope)