Atropa belladonna L.
Belladone
SOLANACEAE
Autres dénominations : Belle dame, Bouton noir, Cerise enragée, Guigne de la côte, Herbe empoisonnée, Morelle furieuse.
Description botanique : Plante herbacée vivace de 0,7 à 2 m, à tige dressée, ramifiée.
• Feuilles : Pétiolées, entières, ovales acuminées, grandes, molles ; feuilles inférieures alternes, feuilles supérieures réunies par 2 (mais non opposées) et de taille inégale. De couleur vert-jaunâtre
• Fleurs : Isolées à l’aisselle des feuilles ou par 2, à corolle campanulée brun violacé ou jaune brun (floraison : juin-septembre)
• Fruits : Baies globuleuses vertes puis noires luisantes à maturité (1 à 1,5 cm) entourées du calice vert étoilé à cinq branches, à pulpe violacée, juteuses et sucrées et contenant de nombreuses petites graines réniformes chagrinées brun noir à gris brun (maturité : août-octobre)
Habitat : Clairières de bois humides, de 300 à 1600 m.
Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne ; naturalisée en Irlande, Danemark et au sud de la Suède
Fréquence : Peu commune.
Principes toxiques :
• Nature : Alcaloïdes tropaniques.
o L-hyoscyamine (prédomine dans la plante fraîche, molécule la plus active). C’est un parasympatholytique. Ses principales actions sont donc : accélération du rythme cardiaque, hypertension, mydriase, augmentation de la pression intraoculaire, dilatation des bronches, diminution des contractions intestinales, diminution des sécrétions.
o Atropine, racémique de l'hyoscyamine (prédomine dans le végétal sec et le fruit mûr)
Groupe hyosciamine/atropine majoritaire à 90-95%
o L-scopolamine minoritaire à 5-10%
• Localisation : Surtout concentrés dans les fruits (0,65%), et les racines (0,85%) ; les feuilles en contiennent jusqu'à 0,5%.
Toute la plante est très toxique.
Circonstances d'intoxication : Reste rare.
• Par les baies le plus souvent : Ingestion accidentelle surtout par les enfants, et beaucoup plus rarement par les adultes (confusion avec des myrtilles ou cerises noires).
• Contamination accidentelle d'autres plantes (par exemple, racines de bardane mélangées à des racines de belladone).
• Consommation d'animaux (oiseaux, escargots, lapins) se nourrissant de feuilles ou de baies de belladone, à laquelle ils sont insensibles.
• Utilisation à des fins médicinales.
Risques principaux :
• Troubles cardiaques
• Etat d'agitation aiguë induit par les hallucinations, convulsions
Notions générales : Les alcaloïdes de la belladone ont une action parasympatholytique.
Doses toxiques :
• Dose toxique (voire létale) chez l'enfant : au-delà de 2 baies (1 à 2 mg d'atropine dans une baie ; décès possible pour des doses de 0,2 mg/Kg)
• Intoxication grave chez l'adulte au-delà de 10 baies
• Remarque : forte susceptibilité individuelle à l'atropine
Les symptômes : Ils sont liés aux propriétés antagonistes de l'acétylcholine, se traduisant par un syndrome anticholinergique.
En cas d'ingestion, on note rapidement :
• Des troubles digestifs (nausées, vomissements)
• Un syndrome anticholinergique (sécheresse de la bouche, mydriase, tachycardie constipation, élévation de la pression intra-oculaire, diminution de la sécrétion lacrymale, rétention aiguë d'urine, hallucinations, délires).
En cas d'intoxication grave :
• Convulsions
• Hyperthermie
• Coma agité
• Dépression cardio-respiratoire
Remarque : les symptômes peuvent n'apparaître qu'au-delà de 24 heures.
Conduite à tenir :
• Hospitalisation :
o En cas de symptômes
o Au-delà de 2 baies chez l'enfant, de 10 baies chez l'adulte
• L'efficacité de l'épuration digestive n'est actuellement pas démontrée
Le lavage gastrique ainsi que l'administration de charbon activé sont à discuter au cas par cas.
• Mise au calme en chambre peu éclairée
• Traitement symptomatique
o De l'agitation par des sédatifs (ex. : benzodiazépines)
o Des convulsions
o Les produits ayant une activité anticholinergique (neuroleptiques) doivent être évités
• Surveillance neurologique et cardiaque (scope)
• Traitement antidotique : L'utilisation (trés prudente) d'ésérine (physostigmine, Anticholium®) est proposée dans les intoxications sévères, en maîtrisant les risques de cette technique (bronchospasme, convulsions...)